Un îlot de fraîcheur pour le centre-ville

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Plus de 70 arbres ont été plantés au 43, rue Édouard Poisson en lieu et place de l’ancien parking du foyer des jeunes travailleurs.

Au 43, rue Édouard Poisson, entre les tours et la caserne, le parking du foyer des jeunes travailleurs n’est plus. De part et d’autre d’un cheminement réservé aux pompiers, la terre a été retournée, les voitures envolées, et en lieu et place du bitume noir qui s’y trouvait, plus de 70 jeunes arbres ont fait leur apparition au début du printemps. Entièrement pensé pour lutter contre les îlots de chaleur urbaine qui nous mènent la vie dure en été, le projet Lisière d’une Tierce forêt vient d’achever les premières étapes de sa réalisation. Loin du coup de com’ circonstanciel, cette « forêt urbaine » albertivillarienne est le fruit d’une réflexion menée sur le long terme autour de l’impact environnemental de certains aménagements urbains. Un exemple inspirant qui permettra de mieux respirer. 
UN ESPACE COLLECTIF EXTÉRIEUR
Historiquement, le foyer des jeunes travailleurs et le restaurant sont créés par la ville en 1971. Aujourd’hui, l’association Alteralia gère ces deux établissements. Ses missions se sont étendues à l’hébergement des personnes vulnérables, à Aubervilliers et dans d’autres communes. Un premier enjeu du projet a été d’offrir un meilleur cadre aux usagers de ces lieux : « On s’est rendu compte qu’il nous manquait un espace collectif extérieur », explique Patricia Robert, la directrice. Il y a quelques années, la perspective d’un prolongement de la ligne 12 à la Mairie d’Aubervilliers autorise le lieu à se passer d’un parking. Une opportunité dont se saisit l’association écolabellisée depuis 5 ans et qui fait preuve d’un engagement de longue date pour l’écologie. L’idée d’apporter de la fraîcheur et de la verdure dans un lieu en principe dédié à la voiture émerge assez vite dans ces esprits écolos. Dès la phase de conception du projet, l’association fait appel au cabinet des architectes Fieldworks, lesquels ont travaillé en étroite collaboration avec le bureau d’études voirie et réseaux divers IPH et les ingénieurs forestiers d’Ekolog et d’Ecosustain. 
UNE TIERCE FORÊT
Plus qu’un simple échange de service, la rencontre entre l’association et ces techniciens de l’architecture urbaine s’avère particulièrement fertile : « On a complètement “matché” avec eux dès le départ. Ils ont pris le temps  d’observer le terrain, ses usages, comment ça circule », argumente Patricia. Du côté des architectes, on pressent un réel plaisir de travailler avec les possibilités du lieu : « Il y a déjà la forêt primaire (jamais touchée par l’homme), la forêt secondaire (plantée par l’homme). Il manquait encore un espace hybride où on pourrait circuler, jouer au ballon, etc… Et où on pourrait le faire à l’ombre des arbres », explique Andrej Bernik, un des architectes de Fieldwork. De là l’invention du terme Tierce forêt, un nouveau concept qui pourrait lutter efficacement contre les îlots de chaleur urbaine. « Le principal enjeu de ce chantier va être de créer, à l’opposé, un îlot de fraîcheur, qui profitera à tout le monde en cas de canicule », ajoute Andrej. Les différentes étapes du chantier en découlent. Dans un premier temps, il a fallu se débarrasser du bitume, pas seulement pour donner de la place aux arbres, mais surtout pour se débarrasser d’un des matériaux les plus favorables à la hausse des températures en ville : le goudron. « On a l’impression qu’il fait déjà plus frais depuis qu’il est retiré », commente un
habitué des lieux. Ensuite, la terre a dû être décompactée pour donner de la place aux racines, et revitalisée, pour lui rendre sa fertilité d’antan.« On aurait pu faire venir de la terre d’ailleurs… Sauf que c’est aussi une ressource qui met des milliers d’années à se former! » explique l’architecte. S’ensuit la plantation, qui a eu lieu au début du printemps de cette année. Les essences d’arbres choisies sont natives et ont la possibilité de résister au milieu urbain, tout en n’étant pas trop allergènes. On trouve de l’érable champêtre, de l’érable sycomore, de l’orme et différentes variétés de chênes. La présence de cette lisière d’arbres devrait, en plus  d’apporter de l’ombre, favoriser le rafraîchissement de l’air par la transpiration des plantes quand il fait chaud (l’évapotranspiration). Dernière étape en attente de financement : la construction et la pose d’un revêtement de sol bien particulier. Ce ne sera pas de la pelouse, piétinée au bout de quelques jours, mais une matière à la fois solide et perméable, afin de permettre une récupération de l’eau de pluie pour les arbres, laquelle sera  complétée par l’installation d’un réservoir juste en dessous du cheminement pour les pompiers. « On pense souvent à faire des économies d’énergie, mais on oublie les économies d’eau », explique Patricia. Ce sol clair, qui devrait réfléchir une partie des rayonnements sera propice à l’utilisation du site comme une place. Pour le moment, le chantier s’est arrêté à la plantation des arbres, quoiqu’on puisse voir un échantillon du sol innovant en dessous de la station météo qui permettra de rendre compte des évolutions de température dans les deux prochaines années. Courant 2017, cette lisière a remporté un appel à projet Urban lab qui en reconnaît la valeur  expérimentale et encourage des aides financières (la ville, ADEME, la région, le département…) et des participations scienti ques, avec Météo France et l’Université Paris Diderot. Parallèlement à tout cela, le projet est intégré à l’Agenda 21 de la Municipalité et à l’objectif de plantation de 500 arbres en 10 ans, issus des Rencontres citoyennes de 2016. La Tierce forêt suscite un intérêt certain. Reste à trouver des subventions  pour financer la suite des travaux. Différentes pistes sont possibles, dont celles du financement participatif sur Kiss Kiss bank bank « Ce sera pour ajouter des framboisiers, des groseilliers, et du mobilier d’extérieur », argumente la directrice. On rêve de pouvoir en profiter bientôt.

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