Grand Paris Aménagement a lancé un appel à projet pour donner vie au cœur du fort d’Aubervilliers encore en friche. Les associations et acteurs culturels de la ville ont répondu présent.
Construit autour de 1830 pour contenir révoltes et invasions, le fort d’Aubervilliers est depuis longtemps un espace vide à occuper. Les plus averti·e·s l’associeront à la ligne 7 du métro mais, pour le moment, on y trouve de grands espaces vides et des casemates. Le théâtre équestre Zingaro et l’artiste Rachid Khimoune y siègent depuis plusieurs décennies mais le fort, symboliquement et concrètement enclavé, reste fermé au grand public. Cependant, il est question de faire évoluer le cours des choses : le 12 janvier 2017, un contrat d’intérêt national (CIN) pour le fort a été signé. Il a été décidé de faire de cette friche un quartier mixte, avec des logements
accessibles. En attendant qu’une petite ville sorte de terre, il a aussi été question de penser à une façon d’ouvrir la friche et de permettre au public de se l’approprier. C’est ce qu’on appelle un projet d’urbanisme transitoire, soit un ensemble d’initiatives qui visent, sur des terrains inoccupés, à réactiver la vie locale et à préfigurer des usages du futur quartier.
UNE COLLABORATION ÉTROITE
À ce titre, le fort d’Aubervilliers offre un terrain d’expérimentation bien particulier pour ce genre nouveau d’aménagement urbain. En effet, cette ZAC (zone d’aménagement concertée) a pour principale caractéristique d’appartenir à l’État tout en étant pleinement inscrite dans le territoire d’Aubervilliers. C’est ce qui explique pourquoi tout projet d’aménagement urbain qui pourrait s’y déployer est le fruit d’une collaboration étroite entre Grand Paris Aménagement, l’organisme d’État qui en est le propriétaire et la Ville. Ainsi, le projet d’urbanisme transitoire lancé par GPA début 2017 et la sélection des candidat·e·s ont fait l’objet d’une co-écriture continue avec la Municipalité. Mais, par dessus tout, le fort comme d’autres lieux a été investi depuis longtemps par des acteurs locaux, qui œuvrent dans le domaine culturel ou associatif. On peut citer notamment les associations Fort Récup, l’Art du lieu et Approches ainsi que le collectif Parenthèse qui occupent déjà les casemates du fort et participeront au projet d’urbanisme transitoire. Par ailleurs, la friche du fort n’est pas non plus tout à fait vierge d’initiatives. En 2014, l’In Situ Art Festival a mis l’art urbain au service d’une appropriation du site. Les prochain·e·s visiteur·euse·s auront l’occasion d’admirer certaines œuvres encore présentes sur les murs.
Ce dernier festival a été un moment charnière dans l’histoire du site puisqu’il aurait amorcé une autre dynamique d’occupation des lieux. Une dynamique d’ouverture sur la ville et d’expérimentation aussi bien artistique que culturelle qui a probablement inspiré le futur projet d’aménagement urbain et le choix des activités.
UN NOUVEAU LIEU POUR RÊVER
Si le projet est encore en phase d’évolution, le Fort Rêveur (un nom possible pour ce lieu) se dénit de plus en plus clairement. Il ouvrira ses portes en mai 2019. Plusieurs associations locales y proposeront des activités autour de l’agriculture urbaine et des pratiques artistiques et sportives amateurs, des lignes de force du projet d’aménagement urbain décidées en amont avec la Ville. Entre autres acteurs locaux, on pourra citer le festival Villes des musiques du monde qui avait déjà usé de ce lieu pour l’arrivée de sa célèbre parade en octobre dernier. Cette association a trouvé une place au sein du cœur du fort et souhaite en faire le moyen de son inscription sur le territoire d’Aubervilliers, d’où elle est originaire. Il est prévu qu’elle exploite la Halle 1 de 1 500 m2, ainsi que le chapiteau en bois (censé rappeler les cases créoles) pour incarner un projet central de transmission et d’apprentissage : l’École des musiques du monde. La construction des lieux et l’exploitation des activités se feraient en partenariat avec l’association Depuis 1920 et l’organisation en lien avec plusieurs compagnies de la Villa Mais d’Ici (Les Grandes Personnes, La Française de Comptage, Décors Sonores). Ce projet particulier s’inscrit dans une ambition commune à tou·te·s les acteur·rice·s du Fort Rêveur : occuper une friche avec des activités culturelles qui impliquent une forte participation du public, et surtout, des habitant·e·s des quartiers alentours. « Ce serait bien de penser ce projet pour les habitant·e·s actuel·le·s de la Maladrerie, et
pas juste pour ceux·celles qui vont arriver », souligne Kamel Dafri, directeur de Villes des musiques du monde. Un pari ambitieux et social dans ce contexte de reconstruction du Grand Paris.
Laisser un commentaire