En juin 2019, les trois nouveaux bâtiments de l’hôpital rue Clos Benard seront livrés. Il s’agit d’augmenter la capacité d’accueil du service d’hospitalisation à temps plein.
L’unité d’hospitalisation à temps plein rue Clos Benard se prépare à ouvrir trois bâtiments supplémentaires pour les patient·e·s des secteurs Drancy, Le Bourget, Bobigny et Pantin, pour le moment interné·e·s à Neuilly-sur-Marne et de fait éloigné·e·s de leurs familles. Côté personnel, les docteur·e·s Beau-cousin, Crouzel, Slama et Linares assureront le suivi. Ce chantier a été l’occasion de repenser l’accueil des malades en situation de crise aiguë et d’affirmer l’implantation de l’hôpital dans le quartier. L’objectif humain et urbain : rapprocher les patient·e·s des familles et assurer la continuité entre l’établissement de santé mentale et la vie « normale ».
UNE INTÉGRATION RÉUSSIE
Tout le projet dépend de l’implication d’un acteur en particulier, soit l’établissement public de santé mentale Ville-Évrard. C’est cette institution qui est à l’origine des hôpitaux se trouvant respectivement rue Charles Tillon et rue Clos Benard. Or, un petit rappel de son historique est opportun pour comprendre l’état d’esprit dans lequel on a accueilli le soin de la maladie mentale en Seine-Saint-Denis, puis à Aubervilliers. Ville-Évrard est créé en 1862 à Neuilly-sur-Marne.
En 1948, le site se dote d’un Centre de traitement et de réadaptation sociale, ce qui correspond à un changement radical dans le soin de la maladie mentale, dès lors associée à des problématiques sociales telles que la pauvreté ou l’alcoolisme. Au courant des années 1970, la loi sur la sectorisation (voir encadré ci-dessous) suscite la création de lieux dédiés à la santé mentale au sein des villes, et non en périphérie pour combattre la stigmatisation de la folie. Ville-Évrard engage alors un programme d’implantation hors du site historique, qui se concrétise par trois pôles à Saint-Denis, Bondy, et enfin à Aubervilliers en 2003. L’accueil y est particulièrement favorable au projet de Ville-Évrard. Dès son implantation à Aubervilliers sous l’impulsion de Jack Ralite, ancien maire et ministre de la Santé, la municipalité s’était réjouie de son installation en zone urbaine proche des familles et des patient·e·s. Le temps de la relégation pour les équipements de santé mentale était révolu.
REPENSER L’ARRIVÉE DES PATIENT·E·S
L’agrandissement de l’hôpital rue Clos Benard achève ce processus de sectorisation. Non seulement en offrant de meilleures capacités d’accueil au site d’Aubervilliers, mais aussi par un projet architectural qui s’appuie sur l’environnement du quartier. En premier lieu, l’hôpital se dote d’une deuxième entrée, au 22, rue de la Nouvelle France, pour accueillir les patient·e·s et les familles au sein du service d’hospitalisation à temps plein. La première adresse rue Clos Benard est réservée au service d’hospitalisation de jour infanto-juvénile, qui constitue une autre activité notable du site du Clos. Le dédoublement des entrées était nécessaire pour repenser l’arrivée des patient·e·s au sein du service d’hospitalisation à temps plein et faciliter le contact avec les familles. La politique de Ville-Évrard est justement d’impliquer celle-ci dans le processus de guérison. Vu de l’intérieur, le nouvel espace d’accueil est grand et distinct des lieux réservés aux professionnel·le·s. Pour ne rien gâcher, l’accès qui mène aux chambres affiche une allure davantage résidentielle qu’hospitalière, avec un revêtement qui évoque les habitations du quartier et des allées avec espaces verts. Vu depuis l’extérieur, l’hôpital dans son ensemble apparaît enfin comme un élément distinct du décor, sans en être isolé. L’entrée rue de la Nouvelle France est soignée et imposante avec des clôtures de 2,70 m. L’impasse Léger-Félicité Santhonax, qui avait tendance à camoufler l’hôpital est ouverte, ce qui contribue à changer la circulation piétonne et apporte
de nouvelles perspectives sur le quartier. La dynamique d’inclusion est confirmée, entre les murs, et dans la ville. Et pour les plus suspect·e·s, nous avons réservé ces derniers bons mots de Xavier Faye, cadre de santé au Clos : « La folie est un sujet qui angoisse, mais en fait, il ne faudrait pas avoir peur de la pathologie mentale. Les patient·e·s sont des citoyen·ne·s comme les autres. »
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